Anticiper pour mieux accompagner: l’expérience d’une famille dans la transition vers la maison partagée
- caroline Deligny
- il y a 1 heure
- 3 min de lecture

« Je suis rassurée de savoir que maman est là, ca me donne de la force ».
Marie Hélène, fille d'une habitante
25 novembre 2025
Pouvez-vous me raconter le parcours de votre maman depuis les dernières années?
Maman a commencé à présenter des troubles cognitifs quand elle était chez elle à St Etienne : oublis de RDV, signalés par la personne qui faisait le ménage. Puis elle est tombée chez elle sans expliquer pourquoi, une fois, puis d’autres chutes plus importantes avec des fractures des membres. Je suis allée à St Etienne pour l’accompagner à l’hôpital, nous avons mis en place la rééducation et des aides à domicile matin, midi et soir.
Tout est redevenu normal grâce à l’aide de cette personne très présente. Puis maman a présenté des fractures du bassin sans tomber.
C’est là qu’on s’est dit (moi, son accompagnante), que ce n’était plus possible de rester à St Etienne. Avec les pertes cognitives, tous les RDV étaient très compliquées, et moi à 500km de chez elle.
Après les fractures du bassin, on a décidé de faire sa rééducation à Avon, pour se rapprocher de chez nous.
Elle a commencé à venir en journées partagées à Thomery à La Poussinière.
Elle ne voulait pas aller en EHPAD, elle s’est adaptée progressivement à cette maison là.
Elle a poursuivi sa rééducation en même temps que les journées partagées.
En sortant de la maison de rééducation, il n’y avait pas de place à la maison partagée, donc nous avons trouvé une solution intermédiaire en MARPA. Puis une place s’est libérée ici.
Ensuite maman est arrivée ici. Au départ elle était très bien grâce à l’accueil progressif à la journée, elle connaissait quelques personnes, ses capacités cognitives lui permettaient de reconnaitre les personnes.
Qu'est-ce qui a déclenché la prise de contact avec la maison partagée?
Je suis passée ici il y a quelques années, j’ai vu l’affiche dehors, et je me suis dit que ça pourrait convenir à maman. Suite à ses chutes, je suis venue visiter, car je devais trouver une solution. En visitant, j'étais emballée. Maman ne veut pas d’EHPAD et je la suis dans cette démarche. Quelle chance !
De votre point de vue de proche aidant, quel a été votre vécu des journées partagées et leur impact ?
On a très bien vécu ce passage, car on voyait que maman était bien accueillie. Quand elle revenait, elle parlait des gens avec qui elle avait échangé. C’était très positif. Il n’y avait pas de problème à ce qu’elle vienne, elle n’avait pas réticence, c’est moi qui l’accompagnait.
Les 2 premiers mois avant qu’elle ait cet AVC, elle avait assez de conscience pour profiter de tout. Maman était en capacité de dire ce qui était important pour elle, les promenades, les expos, les enfants, et vous avez adapté les choses par rapport à ses goûts. Chaque personne est écoutée et a le privilège d’avoir chacun son propre traitement, ça c’est exceptionnel.
On avait pu organiser une promenade chaque jour entre les bénévoles, les intervenants, les stagiaires, etc.
Ce qui est important aussi c’est qu’on puisse échanger avec vous, avec les auxiliaires de vie, avec les jeunes en service civique. A chaque fois qu’il y a un souci (angoisse, etc.), on a pu discuter et essayer de trouver des solutions.
Que diriez-vous à d'autres familles pour partager votre expérience?
Je n’ai jamais hésité quoi que ce soit, je savais qu'à un moment donné les choses allaient devenir de plus en plus difficile et qu’on serait confronté à un dilemme.
Les journées partagées, il faut suffisamment les anticiper pour que les personnes s’habituent de plus en plus, parce qu’on sait que la personne perdra ses facultés, et ce n’est pas au moment où elle a tout perdu c’est déjà trop tard et il n’y a pas de place. Il faut anticiper.
Et savoir que maman est près de nous c’est un soulagement.
Pour le bien être de la personne. Maman ça s’est passé en douceur. Le moment où il a fallu qu’elle s’installe c’était fluide. Et ça a permis qu’elle ait une place, déjà intégrée. Elle a fait quand même 10 mois d’accueil en journée.
J’ai eu un doute au moment de l’emménagement, est-ce qu’elle ne va pas être tirée vers le bas ? Parce qu’elle avait encore des capacités intellectuelles. Mais en fait non parce qu’il y a des jeunes, il y a toujours des personnes avec qui parler et vous avez adapté aussi les choses par rapport à elle (son petit-déjeuner, les promenades par exemple).
On aurait pu attendre, mais attendre jusqu’au moment où ça n’aurait plus été possible et il n’y aurait pas eu de place.
Maintenant ça fait 10 mois qu’elle a aménagé.
Merci beaucoup à toute l’équipe c’est formidable !




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