Premier rendez-vous, je sonne à l'interphone.
Mme A me répond et m'invite à monter. Elle m'ouvre cordialement la porte de son appartement. Ce type d'appartement qui laisse deviner une longue vie dedans, tellement il est investi par les objets et meubles de famille. Mme me propose de m'installer et même de boire quelque chose.
Nous commençons à discuter : j'ai eu contact avec sa fille, qui m'a proposée de lui rendre visite, pour passer un moment ensemble, etc.
"Ah oui, quelle fille formidable j'ai!"
Je poursuis : "et comment se déroulent vos journées?", "vous aimez vous cuisiner des petits plats?"
"Oh, vous savez quand on est seule, on n'a plus tellement la force."
Au fil de la discussion, c'est un quotidien haché, empli de solitude et tourné vers le passé qui se dévoile. "Avant, je pouvais, mais maintenant, c'est plus pareil". Ah, voici une perche, j'en profite:
"Justement, qu'en pensez-vous si je venais chaque semaine, je pourrais vous aider pour faire un repas, un peu de ménage, une course."
"Je me suis toujours débrouillée toute seule, et ça ne changera pas!!!"
Le revirement de situation est bluffant. Une phrase suffit à changer l'émotion.
D'abord dans le partage, je me retrouve soudainement face à un mur, clos, hermétique. Son visage a changé et elle en profite pour aller chercher quelque-chose dans la cuisine. Et puis d'ailleurs,
elle vient de se souvenir qu'elle a un rendez-vous là, tout de suite, maintenant, alors si vous voulez bien... Merci pour votre gentillesse. Mme accepte que je revienne passer la voir, "si ça peut vous faire plaisir".
A suivre...