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#14 : je t'aime, je t'aide

Voilà maintenant plusieurs mois que Mme A reçoit la visite de Lya, 5 fois par semaine, pour l'aider à faire ses courses, ses repas, à ne pas se sentir seule, à préparer ses journée. Depuis ces quelques mois, et l'isolement aidant, les troubles de Mme A ont beaucoup progressé. Elle cherche tout...Ses mots, ses idées, ses souvenirs, sa chambre, ses clés...Des journées entières à chercher...

Et depuis que les masques ont fleuri sur les visages dans les rues, Mme A n'ose plus tellement sortir. Son club de jeux ne se rencontre plus, et les activités de la mairie ne se font que via "les plaquettes". "C'est pas pour moi ces machins technologiques".


Aujourd'hui j'ai eu un appel de sa fille. Un appel au secours. Ce n'est plus possible. Les coups de fil de Mme A sont incessants. Elle s'y rend plusieurs fois par semaine, et constate toujours les mêmes plaintes. Mme A s'ennuie, se sent seule. Vers 18h, la fatigue de la journée aidant, et la nuit tombant, l'angoisse monte. Mme A tourne en rond, appelle, cherche. Cherche quelqu'un pour se rassurer. Elle trouve le téléphone de sa fille, qui, entre les devoirs de l'aîné, le repas à préparer et son mari à écouter, manque de disponibilité. Alors elle lâche au combiné "Maman, ça suffit, il faut faire quelque chose, tu ne peux plus vivre comme ça, chez toi".

Mme A raccroche.

La phrase résonne chez chacune. Comme un blanc.

Comment en parler? Comment l'aborder? Maman ne peut plus vivre chez elle. Et pourtant c'est trop tôt... Ou au contraire, est-ce que ce n'est pas trop tard?

Comment la préparer? Et la préparer à quoi? A être entourée d'autres malades, enfermés? On ne veut pas ça.

Les troubles vont continuer à évoluer, que va t'elle devenir? Et quand elle ne me reconnaîtra plus? Elle qui était si active et joyeuse, je dois maintenant tout lui dire.

J'en oublie moi-même qui je suis, j'en perds mon énergie et mes envies.

Je t'aime, je t'aide, mais aidez-moi.



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